Le fiston des fistons de Tonton

L’univers fut sidéré par les paroles ailées des trois hôtesses de l’air ayant incarné, débarrassées de leurs uniformes et de leurs voiles, un podium olympique de déesses grecques, sur le tarmac de l’aéroport de Riyad. Aucune force de sécurité ne put empêcher cette étrange opération. Quel était l’arrière-décor d’une scène de théâtre dépassant toute fiction ? Sous quel charme furent plongés le président d’Amérique et le roi d’Arabie, pour laisser parcourir le globe un message aussi blasphématoire ? « L’Olympe est réuni sur le mont Sinaï pour ne rien perdre du spectacle à l’occasion de ce voyage. Les dieux grecs s’y trouvaient déjà du temps de Moïse. Le pauvre prince égyptien, ne pouvant croire que cette voix qui descendait du ciel venait d’au-delà de la mer, la prit pour celle d’une idole de sa tribu. D’où résulta le monothéisme. Trois mille ans plus tard, la supercherie continue de fonctionner. Nous voulons vous en réveiller. »

Nulle explosion dans l’aéroport n’aurait provoqué pareille déflagration mondiale, sous l’œil du Cyclope universel démultiplié par mille caméras. François fut le seul dignitaire des trois religions qui sourit de l’incident, même s’il n’avoua guère que le trio formé par Athéna, Aphrodite et Héra avait une autre gueule que la trinité chrétienne. Puis toute la presse glosa sur la mystérieuse disparition des trois créatures dans un nuage. Etait-ce un coup publicitaire ? Le site www.sphérisme.be revendiqua l’attentat. L’on y pouvait lire que Sigmund Freud avait raison, dans son Moïse et le monothéisme, de suggérer que le nom de Yahvé dérivait d’une altération de Iovis (ou Jupiter), dieu suprême du panthéon romain – transposition du grec Zeus. N’était-il pas piquant que l’assemblée des Immortels fût à l’origine de l’Eternel ?

On rappelait que Zeus avait pris la forme d’un taureau pour captiver Europe, fille du roi de Phénicie, non sans qu’un tel stratagème eût donné naissance au Minotaure. Si Moïse fit diversion du Veau d’Or adoré par son frère Aaron, n’y a-t-il pas beaucoup de bêtes à cornes dans ces histoires ? Le comble de l’impertinence est atteint, quand la politique est comparée sur ce site à une arène, où l’habit de lumière joue du peuple comme d’un sombre bovin dupé par la muleta du pouvoir. On ne craint même pas d’en donner pour paradigme François Mitterrand, demeuré présent dans la mémoire collective sous le sobriquet de Tonton. N’ose-t-on pas baptiser ses fidèles héritiers « fistons de Tonton », jusqu’à railler l’actuel président Macron comme un fiston des fistons de Tonton ? Les médias démocratiques sont aguerris de longue date à combattre les populismes. Ils sauront opposer nos valeurs à ces miasmes nauséabonds !

Anatole ATLAS, le 25 mai 2017

Voir le texte complémentaire : Le fiston des fistons de Tonton

SPHÉRISME | Schizonoïa | RETOUR