SPHÈRE CONVULSIVISTE
 
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ULENSPIEGEL

Ulenspiegel en Israël

by courtesy of Pierre Verstraeten


C
olonialisme, Racisme, Impérialisme, Sionisme, Individuïsme, Sensationnisme :

ainsi se liraient les signifiants de la crise, pour un regard socratique de l'au-delà comme celui de Pierre Verstraeten...

Faire d'Ulenspiegel un agent d'Israël était le moins que la tour Panoptic pouvait exiger des algorithmes idéologiques de Kapitotal.
« Frères en la Sphère » – mythologoumène récent – ne devrait pas se comprendre sans y inclure la notion de « faux frère » – ainsi que le suggérait, voici bientôt 7 ans, le regretté Pierre Verstraeten...
À mon message : Quelle vision globale est-elle celle de l'aède ?
Le 16 décembre, à la librairie Tropismes, Anatole Atlas éclairera le dernier roman de Jean-Louis Lippert  AJIACO...

> From: piverstr@ulb.ac.be
> To: anatole_atlas@hotmail.com
> Date: Mon, 19 Nov 2012 18:19:50 +0100
> Subject: re: AJIACO

... feu Pierre Verstraeten avait répondu, le 19 novembre 2012 :

Bravo vieux (faux) frère, mais je suis dans le Sud de l'Espagne observant tes agitations toujours succulentes...

 Ulenspiegel par Gerard Philippe, 1956

Pierre Verstraeten est sans doute le seul professeur n'ayant jamais fait mentir l'audacieux adjectif dont se pare l'Université libre de Bruxelles... Il est en outre certain qu'au cours de sa carrière, très peu d'occasions lui furent accordées pour qualifier de « succulente » quelque agitation de l'esprit que ce fût. Je dois même à Pierre de rappeler que nos (très épisodiques) relations amicales s'accrurent (fait rarissime) du fait que je l'avais publiquement insulté, dans l'auditoire Janson à l'automne 1977, lorsque devant une foule extatique il avait intronisé BHL en Belgique...

C'est sous un si prestigieux parrainage que s'envisage toute réponse au refus de publication qui m'est fait pour ce 1.000e manifeste, sollicité par une revue ne craignant pas d'usurper le titre Ulenspiegel. Il est vrai que cette équipe d'idéologues officiels, blanchis sous le harnais de l'ULB, ignore probablement que la brillante carrière de mon frère Charles De Coster dans ce temple du « Libre Examen », entre 1850 et 1855 (de 23 à 28 ans) se solda par l'acquisition d'un ridicule diplôme de « candidat en philosophie et lettres ». Ce qui renseigne certes moins sur l'homme que sur l'institution...

Charles De Coster pouvait revendiquer comme titre de noblesse dans la pyramide sociale, celui dont se prévalait son Thijl : Sire de Geenland. La bourgeoisie de l'époque n'avait-elle pas ruiné sa modeste ambition, pour échapper à la misère après la mort d'une mère qui subvenait à ses besoins, d'obtenir une place de bibliothécaire ? La seconde édition de La Légende d'Ulenspiegel, à ses frais, ne rencontra-t-elle pas le mépris du jury du prix quinquennal, qui y vit un « capharnaüm pantagruélique » et accorda ses voix à la gloire littéraire belge d'alors : Charles Potvin ? Qui sont les célèbres Potvin d'aujourd'hui, voués à de moins probables éclairages demain ? L'arbre biblique de la connaissance du Bien et du Mal, penché sur moi avec pitié (j'aperçois dans ses branches le sourire ironique de Verstraeten), me reproche – non sans indulgence – d'avoir omis l'essentiel en ces dix pages imprégnées d'une intense judéité : le fait que la station-service où fut commis mon crime avait pour enseigne EDEN, et que ce sont ses racines que j'avais arrosées de ma pisse...

 Monument à Charles De Coster, Nele et Thijl, à Ixelles

Dans le miroir de Sphère en les Frères, se réfracte un geste trivial (au sens étymologique de carrefour entre trois voies) commis par un autre dans un autre temps. Charles De Coster acquiesce, lui qui vient d'uriner voici cent cinquante ans dans sa rue de l'Arbre bénit à Ixelles...

Pierre Verstraeten l'accompagne dans une miction posthume à valeur péripatéticienne, l'un et l'autre assumant sans complexe d'au-delà cette posture dont un mannequin de bronze a fait l'emblème de Bruxelles, pour en langage des Sphères évoquer un texte à nul autre comparable par l'effet de sidération qu'il produirait sur les mortels s'il était publié, tant un jet de lumière traverserait de part en part la structure sociale. Au départ d'une expérience punitive connue de la seule engeance des bas-fonds, se plaisent-ils à dialoguer, fulgure en gerbe étincelante une vision de l'Œil imaginal perforant le sommet de la pyramide jusqu'à surplomber l'organe oculaire biblique figuré sur le billet de la principale monnaie dictant à la planète les ordres de l'Empire occidental...

« ¿ Le gusta este jardin ? » Un troisième larron s'est joint à leur facétie : pas de doute, il s'agit de Malcolm Lowry, qui les informe d'une suite littéraire inéluctable à cette affaire, puisque le volcan Popocatepetl à l'horizon les assure tous trois de leur présence en Atlantide...

 Malcolm Lowry

L'industrie du bavardage tourne à plein régime pour couvrir l'abyssale furie guerrière du Moyen-Orient, tous les moyens médiatiques sont en ébullition, mais une voix n'est pas autorisée : celle de l'aède palestinien Mahmoud Darwich, coupable d'avoir conclu Frères en la Sphère...

Pas plus ne peut être divulguée publiquement l'essentielle complicité – dès 1945 et l'accord secret conclu entre Roosevelt et le clan Saoud – nouant depuis lors le destin d'Israël à l'Arabie saoudite et à l'Amérique (donc à l'Union européenne), par collusion des trois fondamentalismes monothéistes, en le pacte stratégique Jérusalem-Washington-Riyad...

Qui aurait pu croire que l'action de pisser sur un arbre authentifierait le funeste destin de la Belgique ? L'avenir d'un héros de roman ne peut être considéré que dans sa relation avec le destin de l'humanité. C'est pourquoi Frères en la Sphère établit un lien entre Maigret, Thijl et mon personnage de fiction créé voici quarante ans. Certes, la revendication par un écrivain belge d'identités congolaise, russe, mexicaine, cubaine, maghrébine et palestinienne dépasse-t-elle de très loin l'entendement des sérails ministériels, universitaires et médiatiques. Mais cette Œuvre au Rouge qu'est toute écriture authentique n'en reste pas moins (peut-être plus que jamais) processus psychique, politique et cosmique infini. Pour la première fois dans l'histoire, l'appareil sacerdotal servant de guide au cheptel humain pour justifier la domination d'une caste au pouvoir, s'avère spirituellement inférieur aux bas-fonds de la société ! Ce qu'illustre une parabole n'ayant dès lors aucun droit de cité...

Pareille situation se compare à celle qui prévalait voici juste cent ans, quand des jeunes gens que l'immonde boucherie fomentée par Moloch avait plongés dans les entrailles du carnage, s'en trouvèrent expulsés hors du monde et créèrent la revue Littérature. Je le rappelle au début de Frères en la Sphère : argument de plus pour la censure du silence...

L'Atlantide est l'inconscient de l'Atlas, de l'Atlantique, et de l'oued reliant source au sommet de la montagne et rivage océanique. Je porte un tel fardeau sur les épaules, et depuis tant de millénaires, qu'à l'abri des regards de l'Olympe comme du mont Sinaï, je plonge volontiers en cette villégiature où la vision panoramique est idéale pour un constat : Geoffrey Firmin, le héros d'Uppon the Volcano, dans sa quête mystique de damnation, reste le dernier grand personnage du roman occidental. En cette conscience malheureuse gît l'honneur d'une civilisation : le sentiment de culpabilité, donc le refus d'appartenance à une race élue. C'est la raison qui incita Simenon à déléguer Malcolm Lowry aux côtés de Charles De Coster pour entourer Verstraeten rue de l'Arbre bénit. Le philosophe, décédé peu après notre échange de messages, en paraît tout ragaillardi. Quelle fierté pour ma queue d'outre-tombe, laisse-t-il entendre en langue de la Sphère, que de verser des larmes entre celles des créateurs du dernier héros tragique et de dernier héros épique de la littérature occidentale. À partir du Consul se condamnant lui-même à une déchéance fatale au Mexique, sous les ruines du palais occupé par l'empereur Maximilien dans une ville de Cuernavaca transformée par l'auteur en Quauhnahuac, il n'est plus de personnage immortel sous tous les faux soleils du Nouvel Ordre Edénique. Les trois spectres sont agités de vives saccades comme dans un vieux film muet. L'ancien professeur de philosophie continue de théoriser : quelle grandeur d'avoir choisi le camp de la race damnée ! Parabole d'une conscience malheureuse mi- suicidée par ses remords, mi- assassinée en raison même de sa noblesse, le cadavre du Consul échoue dans un ravin parmi les dépouilles de chiens errants, pour que le couple adultère de son épouse et d'un jeune gauchiste n'étant autre que son frère puisse ouvrir la voie d'un hédonisme décomplexé. Malcolm Lowry pousse un juron ne figurant pas dans le dictionnaire des astres. Permettez que je rectifie, lance-t-il à Verstraeten en n'arrêtant pas d'uriner. Je fais mourir aussi la brave Yvonne, dans une scène d'anthologie. Tragédie oblige. Mais il est vrai qu'à travers le portrait de Hugh, vague beatnik d'avant-guerre, j'anticipe le futur yuppie des années 80, qui sur le cadavre de Geoffrey Firmin fera naître une nouvelle race élue, Abel triomphant de Caïn comme en atteste l'Etat d'Israël. Celui-ci n'est-il pas fondé l'année entre la parution du livre et celle de sa traduction française ? Depuis, maints yeux se sont tournés de Moscou vers Jérusalem. Or, si je n'ai jamais professé d'opinions communistes, c'est un contre-sens absolu que d'envisager une quelconque affinité entre mon Consul et toute forme d'entreprise coloniale comme le sionisme...

Charles De Coster approuve d'un jet vigoureux. Verstraeten reprend son exposé : l'auteur de Frères en la Sphère vient de nous convier en ce lieu, car il fut le destinataire de mon dernier mail socratique avant que je franchisse le cap. Son texte avait été sollicité par une revue prenant en otage Ulenspiegel dans un dessein propagandiste en faveur d'Israël. L'initiateur de cette revue compta parmi mes plus brillants étudiants. Richard Miller, de quelque libéralisme qu'il se réclame, ne dispose pas de la liberté requise pour publier ces pages d'anthologie, vu ce qu'est le clergé de la Libre Pensée, dont Charles De Coster a fait l'expérience...

Ce dernier réagit sans interrompre la libération d'une vessie gorgée d'ambroisie depuis cent cinquante ans. Les statistiques de l'OCDE sont claires, s'écrie-t-il, elles ne cessent de rappeler que le niveau de lecture des élèves belges est le plus médiocre d'Europe. Comment s'en étonner, si dans tous les pays du Vieux continent l'apprentissage de la langue se confond à la célébration du génie littéraire national, seul faisant exception ce royaume où je ne suis lu par personne...

La faute en incombe à la créolisation qu'illustre votre écriture, dit la végétation sur laquelle pissent trois fantômes en la rue de l'Arbre bénit. Créolisation plus tard magnifiée par Aimé Césaire, ajoutent les feuilles sous le triple jet. César ou Césaire, il faut choisir, souffle alors le vent. Cette aventure buissonnière, Pierre la solde en langage universitaire : Qui entend les voix de l'Atlantide, et que vaut la parole des revenants, quand l'espèce humaine se scinde en deux races privées de médiation, dans un antagonisme binaire où les élus se sont emparés de tous les signifiants, les damnés recélant un gigantesque signifié n'ayant aucun lieu pour s'exprimer ? Si ce n'est la Sphère, se taisent les trois frères.

(La page de Frères en la Sphère a été rectifiée conformément à la réalité historique et biblique des faits survenus ce 25 juillet.)

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