SPHÉRISME > Allèlukhia > Partie III

 Allèloukhia

L’assassinat du vieil Hamlet ne cesse de s’accomplir. Son spectre lui-même n’a plus droit de cité dans la république des fistons de Tonton. Mais nous avons pris part au crime et à la curée. Transformer le monde !  Changer la vie !  Libérer la pensée de toute influence autoritaire – la raison contre la foi – supposait une autorité supérieure qui légitimât cette liberté nouvelle. Ce qui s’appelait encore « la gauche » négligea de questionner un tel paradoxe. Mais le déploiement financier de Kapitotal ne rendait-il pas chacun complice de la tour Panoptic ?  Celle-ci ne retentit-elle pas de rumeurs selon lesquelles ce monde occidental se caractériserait par la prééminence de l’esprit des Lumières, c’est-à-dire par un usage éclairé de la raison, n’allant pas sans exercice de facultés critiques ?  Or, le moindre usage de cette raison n’obligerait-il pas à constater que l’histoire universelle n’est tissée que de luttes brutales pour s’approprier pouvoirs et richesses matérielles en tout genre ?  Il devrait s’ensuivre que les principaux intellectuels contemporains, sur cette base, engagent leur jugement critique pour dénoncer la manière dont aujourd’hui cette histoire continue ses ravages. Tout au contraire !  L’histoire passée n’est pas d’une même étoffe que celle que nous vivons. De nos jours, l’énergie des puissances conquérantes serait mobilisée par un altruisme émancipateur, sans autre objectif que de secourir les peuples infortunés contre leurs tortionnaires au nom d’idéaux humanitaires. La géniale astuce des nouvelles croisades, l’indéniable supériorité des artifices dont les ont gratifiées leurs scénaristes, réside en une expertise dans l’exportation mondiale, par les bombes, du meurtre d’Hamlet. L’espace du ciel sanctuarisé grâce aux supériorités de la technique, plus aucune communauté n’est supposée sacrifier à d’autres tyrans qu’au Veau d’Or et aux idoles de la Grande Surface.

Ne sois pas excessive, mon ange, il y a toujours des valeurs…

Voici donc les chefs d’Etat d’un Occident plus que jamais dominé par l’hybris de sa cupidité prédatrice, octroyant des consignes de bonne conduite à un Congo saigné par une dette publique atteignant le double de son budget. N’avait-on pas fabriqué de toute pièce et soutenu sans discontinuer la dictature sanguinaire à l’origine d’une telle dette, laquelle repose dans les coffres d’un continent qui pour cette raison même vient d’être récompensé par le prix Nobel de la Paix ?  Car tel est le monde juste, raisonnable et pacifique du Nouvel Ordre Edénique !  Une révolution y a eu lieu depuis vingt ans, sans nous en avertir. Un programme de paix et d’amitié entre les peuples propre au communisme, subrepticement fut décrété celui du capitalisme. Que s’est-il donc passé pour que s’inverse ainsi le sens des mots, sinon l’usurpation par le positif de son négatif historique, en même temps que le pouvoir devenait partout sa propre opposition, dans un dispositif totalitaire ne souffrant plus la moindre contestation.

(Favoriser le loup dans l’intérêt de l’agneau, confier au renard la protection du poulailler, renforcer la présence des rapaces afin de surveiller la basse-cour : contrats fondant une social-démocratie libertaire civilisée. N’oublions pas ce que basses-cours, volailles et mouton DOIVENT au rapace, au renard et au loup. Ceux-ci, dans la grande compétition de la nature, n’exercent-ils pas à l’égard de ceux-là responsabilité transcendante ?  Ne sont-ils pas doués d’une omnipotence, d’une omnivoyance, d’une omniscience nécessaires à la survie de leurs obligés ?  Supériorité comparable à celle de chefs d’entreprises, dont la vigilance assure le bien-être général. Parts de marché, taux de croissance, prospérité de la ferme leur sont imputables, à condition que les moutons se laissent tanner, les volailles plumer, la basse-cour étriper sans rechigner. C’est aussi cela, le geste d’Abraham perpétué par Moïse dans la pratique du bouc émissaire chargé de tous les péchés d’Israël. Ainsi cette nation doit-elle être envisagée comme paradigme de l’entreprise moderne : une idée dont le monde ne peut se passer. Son image de marque est la Shoah, dont première attestation biblique fut la défaite face aux Assyriens. Rien de tel qu’une légende héroïque témoignant de la revanche prise contre un ennemi maléfique pour fidéliser la clientèle. « Il arrivera que ton dieu te rendra supérieur à toutes les nations de la terre » : ce rêve, inspirant toute société multinationale, différencie les statuts littéraires de personnages fictifs comme Achille et le prophète Josué. Les colonisations de l’Asie mineure par les Grecs, par les Juifs de Canaan, ne fondent guère de mythes comparables, si dans les deux cas prévaut un massacre de l’adversaire. C’est que l’aède Homère assume le point de vue des vaincus, prêtant sublime visage héroïque à Hector et Andromaque, alors que le prêtre-scribe en charge du récit biblique favorise exclusivement la vision des vainqueurs, par leur unique idole décrétés supérieurs à toutes les nations. Même si le christianisme, par Saül de Tarse – dit Paul – aménage l’idéologie fondatrice d’une civilisation dans le sens de l’universalité, l’Occident contemporain peut-il encore se prévaloir de sa source grecque et des traditions aédiques ayant fécondé sa grande littérature ?  C’est la question que pose l’auteur de ces pages en son gourbi d’Aourir, voulant y faire témoignage d’une rencontre avec la voix des morts. « Vivre hors la loi des vainqueurs » nous intime Aragon par son Fou d’Elsa, définissant la poésie comme une déroute absolue, dans un paysage où « Vous ne m’entendez pas et c’est moi qui passe pour le sourd ». A défaut de l’écoute implorée par l’aède, réceptacle d’une immémoriale Allhloucia, comment les contemporains privés de lumière inouïe ne s’offriraient-ils pas en dupes consentantes à ces mythologies de pacotille fabriquées par les industries de la tour Panoptic, au service de Kapitotal ? )

Ce n’est pas un hasard si, ce même 26 octobre de l’Aïd al Kabir, fut lancé sur le marché du show mondial un James Bond au titre plein d’une gravité métaphysique de circonstance : Skyfall. Ne vient-il pas d’être révélé que le premier producteur de la série – Harry Saltzman – était un agent de la CIA spécialisé dans les manœuvres de propagande visant à gagner l’âme du monde au modèle yankee ?  A ce titre, contre De Gaulle, il diffuse une littérature favorable à l’indépendance de l’Algérie et du Maroc, dont la radicalité subversive ne s’éloigne guère de celle mise en œuvre par Guy Debord dans sa revue Potlatch. Crois-tu que lors d’inattendus soulèvements populaires, les services des puissances y voyant leur intérêt soient jamais très loin ?  C’est dans le contexte de cette guerre de l’ombre que se croisent les chemins de Harry Saltzman et de Ian Fleming, créateur de l’agent 007. Celui-ci travaille pour les services britanniques, et reçoit mission de lester son personnage d’idées baroques et anticonformistes aptes à magnétiser les foules autour de principes libertaires qui seraient l’apanage de l’Occident, contre la rigide orthodoxie du camp soviétique. James Bond est l’incontestable héros d’une civilisation. Dans tous les domaines de la fiction narrative, il domine l’ensemble des créatures fabuleuses engendrées par la culture judéo-chrétienne depuis 50 ans. La littérature et les autres arts d’une époque s’inclinent devant ce champion de ses valeurs spirituelles et intellectuelles, dont il est la plus géniale incarnation mythique. Sans la moindre exception tout ce qui se vend en librairie, se consomme à l’écran, s’exhibe sur les plateaux télévisés, dicte l’opinion du monde libre – fait allégeance à cette idole fantasmatique. L’initiale de « Joker » et l’anagramme de « bas monde » sont donc l’anagramme de James Bond. La suprématie d’un tel agent secret sur l’inconscient d’une société n’influence-t-elle pas toute son architecture symbolique ?  Si les instances mentales, jadis en surplomb dans l’ordre des représentations, tombent sous la férule d’un 007, ne s’opère-t-il pas un basculement des hiérarchies ?  C’est ainsi que nous avons vu se vider les degrés supérieurs de la pyramide sociale et condamner son septième ciel. Qui y tenait la plume et maniait le verbe avec présomption de sagesse et d’intelligence, désormais verbalise. Comme des agents...

Quelles autres chambres obscures que celles requises pour les captifs de James Bond sont-elles dès lors nécessaires à la réclusion des cerveaux pour leur faire consommer, dans les décors d’une Afrique expurgée de ses habitants comme de ses résistants réels, des scénarios déguisant une guerre d’influence entre ces bandes rivales que sont les multinationales, en juste combat mené par les héros de l’Histoire contre « groupes terroristes » et « réseaux islamistes », quand bien même chacun sait les pires d’entre ceux-ci financés par nos amis du Qatar et de l’Arabie saoudite – qui n’ont de plus urgente tâche que d’y interdire le théâtre ?

Jouer gagnant sur deux tableaux : principe de la politique bourgeoise. Jouir de l’idée d’une culture, l’empêcher dans les faits : l’une et l’autre attitudes font profit. Consacrer des budgets à l’Alliance française où les enfants ne vont pas à l’école : profits des deux côtés. Comme, il y a cent ans, les cartels de la finance européenne décidaient de la guerre et de la paix; comme leurs agents manipulaient alors le terrorisme anarchiste pour faire diversion des menées militaires (ce que montre Aragon dans Les Cloches de Bâle) ; les tentacules mondialisés misent encore sur l’un et l’autre en soutenant dictatures et insurrections, toutes à leur solde...

L’ensemble de la réalité falsifiée par cette exclusion de l’altérité qu’est le point de vue de l’exploité, du dominé, de l’aliéné social dans son extranéité devenue radicale en étant assumée désormais par les instances idéologiques du Capital prétendant elles-mêmes représenter toute opinion critique, dans une colonisation totale de l’espace public (n’y tolérant, à la marge, que les expressions convenues d’une rébellion non globale et sous contrôle) ; cette enclosure du monde où il n’est plus de réalité que factice, et plus de fiction qui ne passe pour le réel (bien au-delà donc de cette « Société du Spectacle » – nouveau cliché journalistique  – dont tu me rebattais les oreilles il y a quarante ans) : c’est cela que j’appelle
    pseudocosme !

Tu y vas un peu fort, mais nous ne te donnons pas tort. Pouvons-nous préciser ton scoop ?  Entre bête et divin l’humanité se déploie, tendue par les pôles du réel et de l’idéal. Ces pôles étant incompatibles avec le marché capitaliste, la valorisation de toute chose que celui-ci développe s’organise autour d’une transformation de leur apparence. Qu’il s’agisse d’un philosophe ou d’un poulet, sa valeur est fonction des relations qu’entretient ce produit avec l’illusion du réel et de l’idéal. Apparence vaut substance, même si d’évidence un phraseur bien payé pour sa pacotille choisira plutôt pour se nourrir une volaille d’élevage fermier, quelque violent que soit son préjugé contre l’idée de terroir. Un déséquilibre gît donc au cœur du marché, dans son rapport à la matière et à l’esprit. L’organique ne peut totalement s’abstraire de l’expérience par les sens, quand le symbolique autorise toute imposture. Mais il n’est de laboratoire qui ne tende à corriger ce déséquilibre par des moyens chimiques, voire génétiques. Ne vient-on pas de créer une viande artificielle à partir de cellules souches ?  D’ici peu, nous n’en doutons pas, sortiront des éprouvettes quelques embryons de penseurs...

Démoniaque est la difficulté, pour une prophétesse, de penser ce pseudocosme. L’ignorance en est l’oxygène, la fausse conscience l’hydrogène, et le carbone y entretenant la vie s’assimile à une démence. Pistolet sur la tempe : tel est le procédé psychologique. Recluse dans une cellule par les gardiens de la santé mentale chiffrée, l’Europe fonctionne comme un asile où des médecins de l’âme fous psalmodient leurs mantras : productivité, rentabilité, compétitivité. Pas un éditorial du kiosque de la place qui n’évoque l’urgence d’un électrochoc...

Nous allons tenter de t’aider, mais il ne faudra jamais abandonner l’idée d’illusion intrinsèque au marché. Depuis les septièmes ciels médiatiques jusqu’aux plus vulgaires objets de négoce, l’industrie de l’ersatz organise un trompe-l’œil généralisé, le principe de l’acte marchand consistant à duper celui qui vend une matière première aussi bien que l’acheteur du produit fini. Tout ne serait donc plus que franc-parler trompeur dans ce ghetto globalisé, si quelque « Mentir-vrai » n’y réconciliait le réel et l’idéal. C’est bien sûr Aragon qui parle, duquel ton écrivain belge a capté l’hypothèse d’une approche de la vérité par le moyen du mythe...

Si les oligarques de cette clinique imposent à leurs patients l’idée selon laquelle nécroses et asphyxies cérébrales sont de leur propre responsabilité – l’institution n’ayant eu d’autre choix que de les saigner à vif pour injecter leurs liquidités sanguines dans une trésorerie devant être placée sous perfusion, faute de quoi la faillite – tout questionnement de cette analyse entraîne un diagnostic médical plus sévère encore pour celui qui s’y risque, et des mesures de rigueur accrues dans son traitement. Car il ne peut oublier la dette qui le lie à l’altruiste soignant. Comment pourrait-il en être autrement ?  Voici quarante ans, lorsque le président Richard Nixon opère son coup du monde monétaire en décrétant le dollar hors l’or, il reçoit d’Europe une réponse Delors. Le Vieux continent s’incline devant le plus brutal acte de banditisme de tous les temps. Nul doute que les mafias qui complotaient depuis la guerre ce hold-up devant mettre un terme aux régulations financières décrétées sous Roosevelt, aient attendu la mort de De Gaulle pour ce faire. Celui-ci vivant, sa réplique immédiate eût été la création d’une monnaie commune européenne, avec Banque centrale sous strict contrôle public, dès 1971 !  Non sans relations privilégiées avec l’Union soviétique...

Dès le tournant de ces années, qui virent son ancien compagnon des Lettres françaises Claude Roy s’extasier dans Le Nouvel Observateur sur La Société du Spectacle, Aragon met en question ce nouveau concept à la mode, lui qui vingt ans plus tôt vitupérait déjà le « Spectacle » dans son Roman inachevé ; lui que venaient d’insulter sur un trottoir de Paris, lors des échauffourées de Mai 68, Cohn-Bendit et les Enragés de Nanterre...

Voilà pourquoi la jungle du capitalisme, où prévalait la loi de l’aigle et du loup pour l’homme, a dicté celle des vautours et des chacals. Quand rapaces et fauves du Capital se repaissaient jadis de chair vive à hauteur de mille milliards $, c’est plusieurs millions de milliards $ que se disputent aujourd’hui les charognards.

Voulez-vous un marché porteur ?  Le secteur du luxe Made in Africa. Celle-ci n’a-t-elle pas une croissance moyenne de 4,5 % ?  Ne voit-elle pas l’émergence d’une élite aux goûts en pleine mutation ?  Laissez-vous donc tenter par le thé aux copeaux d’or du Malawi !  Tout ce bavardage dont regorgent les magazines était inconcevable avant l’ère du pseudocosme, indissociable d’un situationnisme promotionné vulgate officielle. Ce que l’idéologie de la bourgeoisie néocapitaliste nomma « postmodernisme », n’était que négation des postulats de la modernité depuis l’humanisme de la Renaissance. Un personnel consensuellement « de gauche » offrait à « la droite » ce à quoi celle-ci n’osait plus se risquer, sur un terrain miné depuis la guerre par « l’extrême-droite » : une doctrine contre-révolutionnaire sous les auspices de Nietzsche, Heidegger et Debord...

Il s’ensuivait la nécessité d’un traitement psychique adéquat des populations, qui devaient jusqu’à oublier l’idée de pensée critique. Le soin de leur santé mentale ne requérait pas moins qu’une tour Panoptic pour garantir les aises de Kapitotal. Ainsi celui-ci peut-il parler d’autocontrôle sans sanction, d’absence de dogmes et de tabous, de capitalisme libertaire – Alain Minc parlant d’une même voix que Michel Onfray, si ce n’est celle de Jacques Attali. Bernard-Henri Lévy surenchérira sur Philippe Sollers dans la dénonciation de l’islam comme ennemi principal, religion « la plus con » selon l’avis définitif de Michel Houellebecq...

C’est la notion de « haqiqa », propre au monde arabe, conciliant réel...

Tout cela s’étale chaque semaine, par pleines pages de magazines, au titre de l’intelligentsia française. En sorte qu’on ne s’avise trop du fait qu’à l’autre pôle, celui de la force de travail, il n’est question que de rigueur des salaires sous ordre autoritaire, d’orthodoxie budgétaire et d’une discipline monétaire de fer.

... et idéal, ou vérité et réalité – même en théorie – qui est inacceptable !

Cette systématique du double langage divise la réalité sociale selon l’axe de symétrie séparant les éléments constitutifs d’une irréductible contradiction : travail mort / travail vivant. Lesquels s’opposent de manière binaire en épousant la vieille dualité : Nécessité / Contingence. Ou : les Elus contre les Damnés.

Tout cela tourne en rond dans une parfaite circularité conceptuelle, épousant la circulation des marchandises dans la Grande Surface.

Sans plus aucune des médiations inventées par l’idéal chrétien, restaurées par la dialectique hégélienne et dont l’idée fut trop peu approfondie par Karl Marx. Même si celui-ci continue d’incarner, dans la symbolique occidentale, une figure d’archétype humain se rapprochant le plus du Dieu le Père de Michel-Ange, tout lien avec son Fils est rompu. Ce n’est pas un hasard si l’ouvrage fondateur de la « troisième voie » propre au néocapitalisme avait pour titre : Ni Marx ni Jésus.

Depuis lors, plus d’espace politique autre que droite et extrême-droite...

Je te laisse le soin d’enregistrer les va-et-vient de ma pensée qui feront voyager tes neurones comme autant d’étoiles dans le cosmos de ton crâne. Ne se joue-t-il pas, dans notre cerveau, la même activité que celle des photons dans l’univers depuis le Big Bang ?  Ce qui devrait t’inciter à quelque interrogation sur l’être humain dans son rapport, non seulement aux singes, mais aux formes animales primaires comme l’hydre de mer. Qu’est-ce qui nous en différencie ?  Cette vie élémentaire peut se reproduire en parties identiques si on la sectionne. Elle n’a pas autre mémoire. L’évolution biologique ultérieure favorise le développement d’un système nerveux central permanent durant toute l’existence, au détriment des capacités de régénération. C’est une perte et un avantage : la mémoire autobiographique transmissible perdure au-delà de la mort d’un individu pour se prolonger dans la descendance grâce à l’information du système nerveux central. Il y a continuité de ce progrès animal jusqu’au chimpanzé. Puis rupture. Pour une infime variation génétique avec le singe ont lieu trente millions de mutations qui nous en différencient : la nature de l’homme est sa rupture avec la nature par la culture. Processus évolutif accompli sur d’innombrables âges, menacé par une régression culturelle dont témoigne le show de la place Jamaâ al Fna.

Peut-être la captation de nos signes requiert-elle mutation de l’espèce ?

Dans l’attente interminable d’un hélicoptère cadencée par des pulsations sonores primaires qui ne sont pas information musicale née de la mémoire et transmise au futur par la médiation de l’art, mais reproduction machinale de l’identique sur un mode binaire comparable au travail de l’hydre de mer, je me suis écroulée sur un tapis de prière gentiment prêté par le kiosquier. Mon corps subtil ne m’a pas pour autant abandonnée, qui poursuit les préparatifs de son spectacle au cœur de l’océan. Mais il ne faudrait pas que tu perdes le fil de ces didascalies.

Qui sait si ce Théâtre de l’Atlantide sera reçu par quelque humanoïde ?


Allèlukhia III
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